MAILLER LA TOILE AGRICOLE - La plaine de Tullins (38)

Le 03/01/2024

Dans Grand territoire

2022

ANALYSE

Un territoire clivé par sa topographie, son hydrologie, et la main de l’Homme

La plaine de Tullins telle qu’elle est présentée ici se définit par un triangle d’environ 2100 hectares dont les côtés sont : l’axe Tullins-Saint-Quentin-sur-Isère au Nord, l’Isère à l’Est, et les coteaux des Chambarans à l’Ouest.

Paysage inorganique et utilitaire

Cette zone est assez troublante par sa configuration, elle est peu accessible et renfermée sur elle-même par sa topographie et l’Isère. Il n’est possible de la traverser que par des chemins de servitude réservés aux agriculteurs, cet espace demeurant encore aujourd’hui vierge et peu arpenté. Manquant d’attractivité, cette partie de la vallée de l’Isère tend à devenir hermétique telle la rive droite au Sud de L’Albenc, dont les noyeraies colonisent anarchiquement le sol.

Logo 1

PROJET

Le défi des 20 prochaines années sera de remédier localement à diverses préoccupations : les crises, sanitaires, climatiques et politiques que nous traversons de plus en plus alertent chacun et en affectent directement la vie quotidienne. 
Plusieurs points doivent évoluer : la délocalisation à outrance, les importations provenant de l’autre bout du monde, le manque de rentabilité du modèle agricole actuel et sa course à la productivité, le suremploi de la voiture par confort, l’individualisation de la société. 
C’est donc dans un soucis de bien commun et de résilience que s’établit ce projet. Face au réchauffement climatique, la métropole grenobloise pourrait devenir plus résiliente en développant la filière agricole qui l’entoure et ainsi diversifier les paysages qui constituent la vallée de l’Isère. 

Ainsi, plusieurs pistes de solution apparaissent : rendre la plaine accessible et attractive, créer des perspectives et ambiances différentes, varier les pratiques agricoles. Bref, y amener la vie.

Alors, la polyculture-élevage et l’agroforesterie s’imposent. Le parcellaire existant permet de mettre en œuvre assez facilement ces modes de production. Ils permettent de créer une réelle diversité des compositions paysagères et agricoles. 
La culture de la noix sera maintenue mais réduite à moins de 50 %, en ne conservant qu’un rang sur deux afin d’y semer des cultures d’hiver l’espace entre deux rangs . Les champs céréaliers de plusieurs hectares et les prairies pâturées seront quant à eux morcelés ou bordés par des haies et alignements de feuillus. Le sol des vergers de fruitiers sera pâturé par des troupeaux de vaches, cochons, moutons, ou des poules. Des petits bois et bosquets remplaceront certaines noyeraies. Des chemins bocagers exclusivement piétons liant les fermes et les villages seront implantés.

Tout cela sera conçu comme un maillage régulier et équilibré afin que chaque biotope soit accueillant pour la faune, sauvage comme domestique. Cette plaine est tel un filet dont la maille est constituées par des nœuds reliés les uns avec les autres comme les maillons d’une chaîne, et constituent un tout. 

Plus précisément, beaucoup de talus verront le jour : pour retenir l’eau, limiter l’érosion, et éviter la pollution des ruisseaux. La plantation de haies servira à casser le vent et d’habitat aux oiseaux. Des arbres d’alignements ou des ripisylves pourront être taillés en trognes pour en exploiter le bois vert tous les 7-8 ans, les arbres de talus pourront être abattus à maturité et replantés, et destinés à l’ébénisterie ou valorisés par la filière bois énergie.  Les noyers seront exploités non seulement pour leurs fruits mais aussi pour leur bois, ils seront donc plantés en haute tige. La vigne sera de retour dans les coteaux des Chambarans orientés S-SE qui se referment depuis plusieurs décennies. Les frais de plantation de la vigne et l’achat de matériel seront amortis par la vente des futaies de châtaignier. Les chemins bocagers seront bordés de légers talus, de 0,8 à 1,20 m de haut pour assurer la sécurité des passants et éviter que les cultures n’empiètent dessus. Des zones tampons ponctueront le paysage, composées par des allées couvertes ou des parcelles forestières ou en jachère. Au bord de cours d’eau seront plantées des ripisylves pour créer de l’ombre et réduire l’évaporation de l’eau. 


    En somme, ce projet est un retour à la piétonisation, à une agriculture plus vertueuse et commune, une consommation plus locale et naturelle, à l’admiration de tableaux paysagers qui nous dépassent. Cette plaine sera composée de plusieurs trames différentes, d’une nouvelle micro-topographie et de nouveaux axes pensés à une réelle échelle humaine.


 

Tullins
66
68